4h38 du matin, je me réveille d'un coup, terrifiée par un cauchemar. Il y est question de monstres avec des apparences de monsieur tout le monde qui me poursuivent. L'impression de malaise et de peur est tellement forte que j'ai la chair de poule, la respiration saccadée et que je ne peux pas m'empêcher d'allumer la lumière en guise d'exorcisation et de me lever pour aller jeter un oeil dans le séjour. Je me recouche mais n'arrive pas à me rendormir tout de suite. Petit à petit je commence quand même à perdre conscience. Un bruit soudain dehors. Fort. Comme un gros objet traîné sur le bitume. Puis le silence. Je regarde mon réveil, il est 5h12. C'était un nouveau rêve ou bien il y a vraiment eu un bruit bizarre dehors, un bruit réel qui m'a sortie de mon début d'endormissement ? Le sentiment que ce n'est pas un rêve. Mais c'est un tel silence maintenant, j'hésite. Qu'est-ce que ce bruit pouvait bien être ? Comme si un gros objet avait valdingué sur la chaussée, violemment poussé par des gens, une poubelle par exemple. Mais dans ce cas il y aurait d'autres bruits, des rires, des éclats de voix. Et là rien. Un silence de mort, même pas une voiture passant sur le quai. Il faut que j'en aie le coeur net. Je me lève et vais dans le séjour regarder par la fenêtre. Mais avec les rideaux en tissu tirés devant les deux côtés latéraux de la fenêtre et la table où est posé l'ordi et installé mon bureau devant, je ne vois rien. Je vais à la fenêtre de la cuisine où l'angle de vision est plus large. Je regarde à droite, rien. A gauche. J'ai un coup au coeur, je crois qu'il s'arrête même un instant. Un homme est par terre, sur le bitume, sur le ventre, immobile. Ce qui ressemble à un scooter est couché à environ deux mètres de lui. A cet instant je ressens quelque chose qui ne m'a toujours pas quitté et que pourtant j'aimerais bien oublier. Cet être humain absolument immobile sur le bitume, comme cassé, et ce silence, ce terrible silence... je sais que ça ne dure que quelques micro secondes mais c'est gravé sur ma rétine. Je me précipite sur le téléphone dans le séjour pour composer le 17. Je fais les cent pas en attendant que quelqu'un décroche et je ne pense qu'à une seule chose : il va se faire rouler dessus par une voiture, il va se faire rouler dessus par une voiture... j'habite en région parisienne, sur les quais de Seine, et il y a toujours du monde qui passe plus ou moins, même en pleine nuit. Mais je vous assure qu'il vaut mieux ne pas se retrouver avec un psychopathe en train de défoncer votre porte à la hache, parce qu'avant que la police réponde au téléphone vous être sûr de vous retrouver débité en julienne. Je jette de temps en temps un coup d'oeil par la fenêtre, l'homme n'a toujours pas bougé. Cette immobilité totale me terrifie. Au moment où je suis en train de décider de raccrocher ce putain de téléphone pour enfiler un jogging (je suis en nuisette), attraper mon portable, l'allumer et descendre me poster à côté de l'homme en même temps que j'appelle le 112, une voiture s'arrête net de l'autre côté de la circulation et le conducteur se précipite vers l'accidenté. Ouf, maintenant plus personne ne risquera de lui rouler dessus. Au même moment les flics décrochent et j'explique. J'ai du mal parce que je suis choquée et j'ai eu tellement peur pour cet homme, mais on me comprend et on m'assure qu'on arrive. Je raccroche. En bas, l'homme qui s'est arrêté est au téléphone. Il est accroupi auprès du blessé. Il se passe encore pas mal de minutes. Une voiture de police arrive. Je tourne en rond chez moi, je regarde de temps en temps par la fenêtre parce que je ne peux pas m'empêcher d'espérer que le blessé va se relever en secouant la tête (il n'a pas de casque...) et que tout sera terminé, juste une belle gamelle et un scooter bon pour la ferraille. Mais il ne bouge pas d'un centimètre. Les pompiers arrivent, puis enfin le Samu. Il est un peu plus de 5h30, presque une demi-heure après l'accident. L'homme n'a toujours pas bougé. D'un coup il y a plein de monde autour de lui, trois personnes du Samu et quelques pompiers. Je sais que je ne peux pas me recoucher pour l'instant. J'allume mon ordi, j'essaie de surfer mais je n'y arrive pas et j'éteins tout. Je fais les cent pas chez moi en regardant de temps en temps par la fenêtre, toujours dans l'espoir désespéré de voir le blessé debout sur ses jambes, je me sers même un petit verre de vin cuit dont la première et unique gorgée me donne aussitôt envie de vomir.
Tout ça a duré près d'une heure et demie, c'était dans la nuit de mercredi à jeudi. Les secours ont passé un temps fou à visiblement essayer de porter secours à l'homme sur place. Ils ont fini par le mettre dans l'ambulance. Quand elle est enfin repartie, longtemps plus tard, elle n'a pas actionné sa sirène. Entre temps je me suis recouchée trois fois mais impossible de me détendre. Cette image... J'ai attendu que tout le monde soit parti et qu'il n'y ait plus de reflets de gyrophares sur le plafond de ma chambre, mais je ne me suis pas rendormie du reste de la nuit. J'ai même essayé de faire revenir les images pourtant sur le moment terribles de mon cauchemar, dans l'espoir qu'elles me fassent oublier l'autre image, celle de la réalité, pire que dix mille cauchemars, mais rien à faire... Je me doute bien que comme ça, raconté, écrit, tout ça doit paraître anodin. Mais l'image de cet homme couché sur le bitume est aussi claire devant mes yeux qu'à la seconde où je l'ai vu, et le choc ressenti à ce moment-là ne s'est pas atténué. Ses chaussures de sport, son short beige ou kaki, et son t-shirt de couleur claire remonté qui laissait tout le bas de son dos dénudé, j'ai tout ça en continu devant les yeux. J'avoue que je ne comprends pas très bien pourquoi, je ne suis pas si émotive que ça, j'ai même pas mal de sang froid en temps normal. Mais là je ne sais pas, il y a eu tout un mélange d'impressions simultanées à la vision : le silence, un foutu silence véritablement de mort, le désert dehors, ce désert qui lui a d'ailleurs peut-être sauvé la vie (en supposant qu'il soit en vie, je n'en sais rien) puisqu'au moins aucune voiture ne lui a roulé dessus, et ce sentiment que pendant que j'étais tranquillement en train de m'endormir une personne filait droit vers l'accident et peut-être sa mort sans le savoir, et qu'ensuite pendant que j'étais en train de me demander si j'avais vraiment entendu un bruit ou si je rêvais, et que je subodorais des potentielles raisons du bruit, un homme était tout seul par terre, inconscient, peut-être en train de perdre quelques précieuses secondes de vie. L'impression aussi qu'une partie de mon cerveau avait été témoin de l'accident, la partie qui a entendu le bruit du scooter raclant la chaussée quand il est tombé et qui m'a sortie de mon demi sommeil.
Je me doute bien que cette note doit être confuse. En plus elle est longue et j'en suis désolée. Je ne sais pas si l'image incrustée devant mes yeux, l'image de cet homme allongé sur la chaussée à deux mètres de son scooter renversé, tout seul dans la nuit, sans le moindre bruit, pendant que tout le monde dormait et que le monde continuait de tourner, quittera un jour ma tête. Franchement j'espère, ainsi que le bruit maintenant identifié de son scooter raclant violemment le macadam sur plusieurs mètres. Pour l'instant je n'y arrive pas, et dès que mon esprit n'est plus occupé elle me saute aux yeux et à la mémoire et en même temps ce sentiment qui tord les tripes et vide les poumons d'air. Je crois qu'on appelle ça un choc, et même si je ne sais pas pourquoi j'ai été autant choquée, et m'en étonne, j'espère vraiment que ça va s'arrêter...
Ca me rapelle le noyé et son cadavre ventre à terre que nous avons vu sur la plage. Il était foutu. Nous sommes bien peu de choses...
Rédigé par : L'inconnu du nord | samedi 09 septembre 2006 à 20:55
Un vrai coup dure oui...
Comment les émotions nous viennent à la vue de telle ou telle chose reste un mystere mais cela a sans doute une explixation.
je me rappelle de mes premières audiences, de cette impression insidieuse de détruire la vie des gens , elle me tenait reveillée...
j'espère simplement que tu trouves un peu d'apaisement.
Rédigé par : laparhasard | samedi 09 septembre 2006 à 21:18
Le raconter t'aura sans doute fait du bien ....
Mais une image sûrement difficile à oublier
Un gros bisou pour t'y aider ....
Rédigé par : teberli | samedi 09 septembre 2006 à 23:40
On voit des morts par dizaine tous les jours à la TV. On finit par même plus s'émouvoir. Mais c'est à la TV, quand ça arrive devant nous c'est autre chose.
Rédigé par : 4largo | dimanche 10 septembre 2006 à 01:01
Et ben quelle histoire :( Voir la mort de prêt j'imagine que ça doit être difficile à oublier...
Bon courage en tout cas. Et malgré le fait que tu étais choquée tu as quand même agit... Bravo.
Rédigé par : Elodie | dimanche 10 septembre 2006 à 05:05
J'espère que tu arrives à t'en remettre. Etre témoin d'un accident est toujours douloureux. Peut être est-ce parce qu'on se rend compte à cet instant que la vie ne tient qu'à un fil, idée qui est plutôt abstraite en temps normal ?
Bonne fin de weekend !
Rédigé par : Aixue | dimanche 10 septembre 2006 à 07:00
Lorsque le cauchemar rejoint la réalité, je comprends que le sourire de joie et l'insouciance aient du mal à reprendre leurs places nécessaires. Bon dimanche pour toi. Je t'embrasse.
Rédigé par : lechantdupain | dimanche 10 septembre 2006 à 09:50
Oh ma pauvre Véro!
Oui tu es sous le choc et y'a de quoi!
En tout cas à te lire j'en avais les frissons.
Dis, je suppose que les flics vont reprendre contact avec toi puisque tu es témoin, non? Si je dis ça, c'est que tu es choquée et qu'une petite séance avec un professionnel ne te ferais certainement pas de mal. Les flics peuvent te trouver une personne en principe!
Tu as déjà réussi à l'écrire, c'est bien. Mais tu as sûrement besoin d'en parler pour "exorciser" ces images.
Pas besoin d'un psychiatre. Mais juste 1 ou 2 heures avec un psychologue peut t'aider ... En Suisse il y a des centres d'urgences liés aux hôpitaux, sais pas à Paris (?).
Rôsbisous x3
Rédigé par : nam-nam | dimanche 10 septembre 2006 à 10:40
ça doit faire un drôle d'effet aussi L'inconnu du nord
Oui Laparhasard ça doit avoir une explication. Mais pourquoi est-ce qu'ensuite le cerveau repasse inlassablement les images en boucle ?
Le raconter je ne sais pas Teberli, je l'ai déjà raconté 2 fois avant ici. Je crois que c'est le temps qui y fera quelque chose.
Merci pour le bisou ;)
Je ne sais pas s'il est mort 4Largo. Même si une chose me le fait penser, le temps que l'ambulance a mis pour partir une fois qu'il a été à l'intérieur : au moins 20 bonnes minutes, pendant qu'un des médecins était dehors pendu au téléphone et que l'ambulancier tapait le bout de gras avec les flics (les pompiers étaient partis). Comme si se dépêcher n'avait plus d'importance. Mais en fait je n'en sais rien, et je continue à espérer que ce départ tardif a eu une autre raison.
C'est marrant Elodie, c'est la seconde fois que l'on me dit ça, mon psy le lendemain matin quand je le lui ai raconté (ça tombait super bien ce RV !). Pourtant appeler les secours me parait le minimum de réaction. Je trouve même que j'aurais dû faire dès le départ ce que j'ai failli faire suite au temps que mettait le 17 à répondre : m'habiller et me précipiter en bas avec mon portable, d'autant que je crois que le 112 réagit beaucoup plus rapidement. Enfin bon, heureusement aucune voiture n'est passée dans ce sens de la circulation entre l'accident et l'arrivée de la police.
Il y a certainement de ça Estelle, plus d'autres choses que je n'arrive pas bien à identifier. J'ai parlé de solitude et de silence, et surtout de la totale immobilité. J'ai déjà vu des accidents, mais probablement moins graves, et même blessés les gens bougeaient toujours, c'était même parfois le contraire, un mal de chien à les faire tenir tranquilles avant l'arrivée des secours.
Ben ils ont repris des places JJ, mais la toute première image de ce que j'ai vu est comme gravée sur ma rétine et me saute dessus sans arrêt, pour un oui ou un non, même entre deux rires avec d'autres personnes. Enfin je suppose que ça passera. Bon dimanche à toi aussi, des bisous :)
Rédigé par : euqinorev | dimanche 10 septembre 2006 à 10:50
A défaut de répèter ce que lon t as déjà dit il éxiste en effet des cellules qui gèrent ce traumatisme. j'ai moi même vécu un traumatisme qui me marque encore aujourd hui mais pour des raisons plus familiales et je crois qu un travail aurait du être engagé très tôt. biz mam'selle
Rédigé par : lio | dimanche 10 septembre 2006 à 12:28
Oh ben on écrivait en même temps ma Nam-nam, et du coup je t'ai pas vue passer !
Ben tu sais je n'ai pas été témoin, j'étais dans mon lit quand ça s'est passé et je n'ai rien vu de l'accident en lui-même. J'ai juste entendu le bruit qu'a fait son scooter quand il est tombé et a glissé sur le bitume c'est tout. Par ailleurs il est tombé tout seul le garçon. Je ne sais pas bien comment il a fait son compte d'ailleurs, sur une portion toute droite et une route bien sèche d'été, refaite à neuf très récemment en plus donc nickel, mais bon ; il a dû taper dans le minuscule muret qui sépare les deux sens de circulation du quai, et en 2 roues ça va vite la gamelle. Et comme il ne portait visiblement pas de casque... Mais bref, je veux dire qu'il n'y a pas de témoignage à faire. Enfin de toute façon les flics ont en effet mon muméro puisque les numéros s'affichent d'office chez eux quand on les appelle, s'ils ont besoin de moi ils m'appelleront mais je pense qu'ils l'auraient déjà fait.
Quant au psy tu sais j'en ai déjà un, depuis 2 ans maintenant. C'est un psychologue, et le hasard a voulu que je le vois justement le lendemain matin, il a dont été la toute première personne à qui j'en ai parlé.
Mais tu as raison, c'est vrai que plus j'en parle et plus les sensations qui accompagnent cette image s'estompent. Pas l'image, non, mais l'angoisse et le choc qui l'accompagnent.
Merci pour les rôsbisous, et plein en retour pour vous 3 ;-)
Rédigé par : euqinorev | dimanche 10 septembre 2006 à 12:39
Ben décidémment on se croise tous ce matin :) Pis c'est la faute à typepad aussi, d'un coup y me prévient plus quand un nouveau comment arrive dans la tanière !
Coucou Lio, et bien ma réponse est dans ce que j'ai répondu à Nam-nam, j'ai déjà un psy (chologue), et on n'a parlé que de ça jeudi matin, et je pense qu'on en parlera encore.
Oui didon, ça doit être terrible quand ça touche la famille...
Biz monsieur
Rédigé par : euqinorev | dimanche 10 septembre 2006 à 12:53
Je te comprends car j'ai vécu quelquechose de semblable. Un soir alors que j'allais me coucher j'ai remarqué qu'il y avait du monde sur la pelouse en face de chez,avec la police et le samu. Un homme gisait sur cette pelouse, le samu essayait de le réanimer et puis ils ont arrêté, ils l'ont recouvert d'une couverture de survie je crois et ils sont partis, le laissant là, avec quelques policiers pour le garder, les badeaux sont partis un à un. Mais moi je ne pouvais pas aller me coucher, un homme venait de mourir sous mes fenêtres, alors j'ai pris ma bible et j'ai lu des psaumes pendant vingt minutes environ, les paroles des psaumes sont toujours très apaisantes. Je voulais attendre qu'ils l'emmenent mais il était tard et me sentant mieux je suis allée me coucher. J'ai eu l'impression ce soir là d'avoir veillé un mort, d'avoir accompagné l'âme de cet inconnu. C'était il y a plus d'un an et l'image reste gravée dans ma mémoire comme si c'était hier. On peut penser que ma réaction est bizarre mais je n'aimerai pas mourir sans que quelqu'un me veille, même un inconnu. Et puis cela m'a aidé à surmonter ce choc. Le lendemain en me levant je suis tout de suite allé voir la pelouse qui était vide bien sûr et j'étais comme étonnée de ne voir aucune trace de ce drame.
Rédigé par : enriqueta | dimanche 10 septembre 2006 à 13:15
j'veux pas être pessimiste mais le fait qu'ils soient partis sans mettre la sirène me fait penser qu'il est mort ce type...
Comment tomber tout seul? Ben simplement un vertige, y'a pas plus con mais ça arrive beaucoup plus souvent que ce que l'on croit!
En Suisse t'es considéré comme témoin du moment où tu téléphones ... ce qui m'a fait dire cela!
Bon au moins t'as déjà un psychologue, c'est bien!!!
Re bisous x3
Rédigé par : nam-nam | dimanche 10 septembre 2006 à 13:19
Les images restent Euqinorev, mais raconter, en parler éloigne progressivement l'angoisse du choc.
J'ai fait du secourisme en bordure de route, il y a maintenant un peu plus de 35 ans et certaines images me restent ... Cependant maintenant je peux les voir sans angoisse. Le temps ...
Qu'aurais-tu pu faire si tu étais descendue ? Lui mettre une couverture contre l'état de choc ? Tu aurais une image encore plus forte car plus proche.
Le pire, peut-être, comme le dit Enriqueta, c'est de constater que la vie continue ... normale ! Poussière d'étoile, tâchons de profiter de ce que l'on a.
Plein de bisous.
Rédigé par : Dean | dimanche 10 septembre 2006 à 14:24
je compatie
ça prendra un peu de temps ...
si tu n'étais pas choquée tu ne serais pas humaine
allez ma véro un gros bisou ...
Rédigé par : Abstruse | dimanche 10 septembre 2006 à 15:02
Non je ne me permettrai pas de dire que c'est bizarre Enriqueta, chacun cherche le réconfort où il le souhaite et où il le trouve. Je ne réagis pas comme toi puisque je ne suis pas croyante, ni religieuse (j'entends par là pratiquer une religion), mais je ne porte aucun jugement de normalité vis à vis des personnes qui le font. Tant que l'on n'essaie pas de me "convertir" et que l'on respecte ma non croyance je respecte parfaitement les croyances des autres.
Oui, c'est vrai que le lendemain matin ça me faisait tout drôle de voir la portion de la chaussée où il s'était passé tout ça, et sur laquelle les voitures passaient et repassaient, comme si ça avait eu lieu dans une autre dimension...
Je crains aussi que ce soit ça Nam-nam. Non seulement à cause de l'absence de sirène quand ils sont partis, mais aussi le fait qu'ils mettent presque une demi-heure à partir après que le type a été dedans, alors qu'ils s'étaient acharnés si longtemps sur lui avant, accroupis sur le macadam...
En France non, il faut presque avoir participé pour être considéré comme témoin, quel que soit le sujet.
Re bisous en retour
Le raconter Dean, et puis le temps qui passe aussi. Heureusement.
Du secourisme routier, et bien quel courage, ça doit être atroce à longueur de temps, des visions de cauchemars. Il doit falloir un de ces blindages moral...
C'est vrai ça mon Abstruse, je crois que si ça ne m'avait rien fait ça serait plutôt inquiétant, genre sociopathe en formation... ;-)
Merci pour le gros bisou, et un tout pareil pour toi.
Rédigé par : euqinorev | dimanche 10 septembre 2006 à 17:08
Dans ces situations, le plus frustrant est de penser qu'on ne peut rien faire, ou rien faire de plus. Toi, tu as fait ce que tu as pu au moment où tu l'as fait, ça devrait te rassurer, beaucoup d'autres personnes n'auraient rien fait. Je suis convaincu que le bien qu'on fait, même dans un cas comme celui-ci, n'est jamais perdu.
Rédigé par : maitresoixante | dimanche 10 septembre 2006 à 18:15
j'espère que ce soir tu te sens mieux, que tu t'en es remis.
bisous
Rédigé par : lydie | dimanche 10 septembre 2006 à 18:30
Juste passée te souhaiter une bonne soirée...
Rédigé par : laparhasard | dimanche 10 septembre 2006 à 19:22
Remarque il me vient tout à coup une idée. Si j'allais m'allonger sur la route devant chez toi, viendrais tu me faire un bouche à bouche ? Là je me sens tout pâle.
Rédigé par : L'inconnu du nord | dimanche 10 septembre 2006 à 19:42
C'est vrai qu'on a toujours l'impression qu'on aurait pu faire plus Maitresoixante. Ce qui est certainement vrai, on peut toujours faire plus... Mais on fait ce qu'on peut, oui, probablement.
L'image est toujours là Lydie, et je fais des rêves d'accidents sanguinaires pas vraiment cools (alors que je n'ai pas vu de sang), mais oui ça va quand même mieux. Bisous à toi :)
Merci Laparhasard, et bonne soirée à toi :-)
Ben pourquoi aurais-tu un traitement de faveur L'inconnu du nord ? J'appelerais la police, qui appelerait les pompiers, qui appeleraient le Samu. Mais les deux médecins de l'équipe du Samu qui est venue mercredi étaient des femmes, alors tu as toutes tes chances... ;)
Rédigé par : euqinorev | dimanche 10 septembre 2006 à 20:26
Pffff... Tu l'as raconté comme tu l'as vécu et du coup, je l'ai vécu comme toi! Pourtant j'en ai vu plusieurs de cadavres, et après avoir vu le premier, on "s'habitue"! Mais là, c'est comme si c'était une première pour moi, en te lisant!
Rédigé par : Henri | dimanche 10 septembre 2006 à 21:37
normal que tu sois choquée,la première raison étant sans doute que cela s'est passé la nuit et que sortant de ton sommeil,les choses prennent une autre dimension.la deuxième est que tu es un être humain et que la mort puisque tu crois qu'il était mort est une partie de la vie qui nous fait mal...le passage est si impressionant.
la troisième est certes aussi que tu te sens concernée,puisque cela s'est passé devant chez toi,que tu as paniqué à cause des voitures qui risquaient de passer et que cela a duré longtemps avant que le problème ne soit résolu.en plus,tu as l'air de te sentir concernée par le fait que cela a duré et que tu n'as pas su sortir pour le secourir(tu n'aurais sans doute pas pu faire plus et cela n'aurait pas été une bonne chose que tu te trouves à côté de quelqu'un qui était peut être déja mort,toute seule au milieu de la nuit sans personne pour t'assister;)
de toute manière,tu as besoin de raconter cette histoire,tu as besoin que l'on t'écoutes et que tu puisses la "digérer".la première chose serait peut être de savoir si il a pu être secouru?
de deux choses l'une,ou bien il était trop tard et tu devras a ce moment travailler sa mort ou bien il est encore vivant et tu as fait quelque chose pour le sauver...
le plus dur pour la résolution d'un problème est souvent ne pas savoir...ca détruit.
bisous
Nadine
Rédigé par : nadine | dimanche 10 septembre 2006 à 23:26
bisous véro
y' a plus la boîte a p'tits mots ;o)
alors je passe quand même ici ;o)
Rédigé par : Abstruse | lundi 11 septembre 2006 à 00:31
Ouh, je ne sais que dire... mais on t'a déjà tout dit, alors je te fais des bises et je pense à toi.
Rédigé par : Baïlili | lundi 11 septembre 2006 à 01:04
Coucou Véronique,
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet a bien été exorcisé ici.
Ton cauchemar, tu nous l'a mis tous sous les yeux et chacun a déchargé de son regard intérieur un peu de la lourdeur des images que réellement seule toi a vues.
Dis toi que chacun qui t'a lue a pris une petite part de ton angoisse.
Rédigé par : Thierry | lundi 11 septembre 2006 à 08:07
Mais non ton article n'est pas confus, mais révélateur de la forte manipulation émotionnelle de notre mental sur nos vies...
Rédigé par : LyRiAnN | lundi 11 septembre 2006 à 08:37
Vero, le premier jour de mes vacances au Portugal, un train a écrasé sous les yeux des personnes qui étaient sur le quai, un homme qui traversait les voies.Le pauvre conducteur n'a pas pu faire grand chose.
C'était horrible a voir et je t'assure que la nuit, je n'ai pas fermé l'oeil.
Bonne journée et bisous.
Rédigé par : cristina | lundi 11 septembre 2006 à 08:40
C'est la saison, j'ai vu un homme mort à côté de son scooter sur l'A86 la semaine dernière... Et oui ça fout un coup.
Je crois que c'est assez normal que tu sois choquée et que ça prenne un peu du temps pour que ça passe. Bon courage. Je t'embrasse.
Rédigé par : Anne | lundi 11 septembre 2006 à 10:01
Et bien je prends ça comme un compliment Henri, sur ma façon d'écrire ;))
Quant au fait qu'on s'y habitue, franchement j'espère que je n'en aurais pas besoin...
Un peu de tout ça en effet Nadine, plus ce que j'ai dit dans ma note, le fait qu'il soit tout seul, le silence, le fait que j'ai entendu et n'ai pas bougé tout de suite mais 2 ou 3 minutes après.
Je n'ai pas su sortir ou en effet, j'ai préféré me précipiter sur mon téléphone parce que j'étais terrifiée à l'idée de descendre et de m'approcher...
Je n'ai aucun moyen de savoir tu sais, je ne suis pas de la famille, et ni l'hôpital ni la police ne me diront quoi que ce soit. Et puis franchement, je crois que je ne tiens pas à avoir cette certitude. Pas pour ça, pas cette fois...
Bisous à toi
Ben non Abstruse, elle s'était mise à m'apporter plein de spams et de pop-ups d'un coup, comme vous m'aviez dit toi et La Griff'. Je la remettrai peut-être plus tard, quand ils m'auront oubliée !
Bisous madame :)
Merci Baïlili, et bisous en retour :)
C'est exactement ça Thierry, et ça m'a beaucoup aidée. L'image est toujours là, mais moins angoissante, moins terrifiante.
Ben c'est que notre mental les dirige, nos vies, LyRiAnN, sans lui nous ne serions que des enveloppes vides, des automates. Cela dit les émotions n'ont pas toujours le même impact selon les personnes.
Et bien Cristina, charmant début de vacances ! Oui, le pauvre conducteur, qui traînera cette culpabilité tout le reste de sa vie, alors qu'il n'est absolument pas responsable de l'inattention ou de la bêtise de celui qui a décidé de traverser alors qu'un train arrivait.
Bonne journée et bisous à toi
Je crois en fait que ce qui m'a aussi choquée Anne c'est d'avoir entendu sa chute. J'ai un peu l'impression d'avoir assisté à sa mort... Enfin bon, ça passera avec le temps en effet, ça s'est déjà un peu atténué. Merci pour le bisou, et un pour toi en retour :)
Rédigé par : euqinorev | lundi 11 septembre 2006 à 10:13
Tu as fait ce qu'il fallait, Véro, les 2mn de flottement ne pouvaient rien changer, je t'assure.
Ce qu'il faut, maintenant, c'est t'occuper les mains et l'esprit d'une manière ou d'une autre.
Je ne te souhaite pas qu'un autre drame arrive, mais si ça devait se produire, tu verrais à quel point, malheureusement, un drame chasse vite l'autre :-(
Bisous
Rédigé par : anouchka | lundi 11 septembre 2006 à 12:38
Il y a de quoi être choqué, en effet ; pour ce pauvre type, il n'y avait plus rien à faire, on se dit que ça aurait pu arriver à un de nos proche ...
Rédigé par : François | lundi 11 septembre 2006 à 13:09
Je le sais hélas bien Anouchka, qu'un drame en chasse un autre. Mais comme tu dis, je ne suis absolument pas pressée...
Merci pour les bisous :)
Ben non François, je ne me dis pas que ça aurait pu arriver à l'un de mes proches. Tu sais (enfin apparemment non tu ne sais pas ;) ) je ne suis pas du tout partisante de relativisme à tout va, je serais même carrément et énergiquement contre (voir une note je sais plus trop quand à ce sujet). Par ailleurs, j'essaie de ne pas systématiquement tout ramener à moi ou à mes proches... Bref, tout ça pour dire que je pense à cet homme pour ce qu'il est, ou plutôt était, et je suis triste pour SES proches, et je pense à SON agonie, et le fait que cet accident ne soit pas arrivé à l'un des miens ne me fait pas trouver sa mort plus douce ou moins traumatisante.
Et j'ajoute même que j'espère bien que jamais je ne penserais un jour de cette manière, parce qu'alors je me ferai vomir...
Rédigé par : euqinorev | lundi 11 septembre 2006 à 13:27
j'arrive un peu tard pour écrire un truc neuf... en tout cas ça fout la flippe. on serait retourné à moins, ce serait inconcevable et quelque part inhumain si ce n'était pas le cas. ça doit être la proximité avec la mort, dont on a conscience mais qu'on n'a pas sous les yeux tous les jours. ça fait penser à l'éventualité de la nôtre, qui arrivera bien un jour. au bout du compte, c'est ce qui fait qu'on est déstabilisé, enfin je crois.
gros bisous ma Comtesse
Rédigé par : Uéhtam | lundi 11 septembre 2006 à 14:44
Monsieur tout le monde, en bon cauchemar ordinaire qui se respecte se déplaçait en scooter. Car dans la réalité, monsieur tout le monde était un monstre et un cauchemar de profession. Les carrosses lugubres et recouverts de brume, les trains fantômes aux essieux hurlants, les corbillards noirs et chromés n’étaient pas pour monsieur tout le monde. Lui, c’était un cauchemar de seconde classe, un de ces petits cauchemars qui s’intercalent entre les véritables angoisses, les obsessions récurrentes, les véritables horreurs nocturnes. Monsieur tout le monde n’avait pas de chance. Avec sa gueule banale et trop fade, il lui était difficile de terroriser ses victimes, de les tourmenter le plus longtemps possible dans cette semi inconscience que les humains appellent le sommeil et où ils sont si fragiles. Lui, c’était le bouche-trou de service et en plus, cette nuit, il était en retard. Il s’était perdu dans ce quartier urbain, incrusté d’âmes boursouflées, accablées, fatiguées et avait raté le rendez-vous de 4h30. Il avait dû envoyer un feedback à sa victime à 4h38 et elle avait dû mal à se rendormir. La connexion serait difficile, elle avait eu la prescience de son arrivée et l’avait même chercher jusque dans le salon, la conne !!! Heureusement que cette nuit, il était tombé sur une sensible, cela lui permettrait de rattraper le temps perdu sans se faire engueuler par Hypnos, le grand patron des rêves. Il était maintenant 5h12 et il sentait bien qu’elle était nerveuse, dans un demi sommeil, prête à se réveiller… Comme faire ? S’il arrivait juste avec sa tronche de mec banal et ses affleurements monstrueux, il risquait de se faire rebooter ou même de carrément passer inaperçu. Pourtant il avait faim, monsieur tout le monde, attiré par la volaille tendre, il avait envie de manger de la chair de poule et de boire de la sueur froide entre les draps. Il ne crachait pas sur un petit pique nique de l’épouvante en fin de nuit. Que faire… Soudain, il eut une idée de génie, un truc faisable à son échelle de petit cauchemar de rien du tout. Il glissa doucement un appendice éthéré en direction de la tête de la femme. « BAngg !! » Le son d’un corps lourd tombant sur le bitume résonna dans son inconscient. Monsieur tout le monde, assis au chevet du lit, sourit : les doigts de la dormeuse se convulsaient comme s’ils pianotaient sur un téléphone… la nuit n’était pas encore terminée.
Rédigé par : Fargo | lundi 11 septembre 2006 à 15:34
Je passe juste te faire un petit coucou et des bisous.
Rédigé par : Dean | lundi 11 septembre 2006 à 18:42
Ben je ne sais pas Uéhtam, je n'ai pensé à rien d'autre qu'à lui, pas à la mort en général ou à la mienne, à lui et à ce que je voyais... Mébon, va savoir ce que l'inconscient fabrique pendant ce temps-là !
Plein de bisoussss pour mon Empereur
Wouahou Fargo, quelle imagination, quelles images, impressionnant !
Merci Dean, et coucou et bisous pour toi
Rédigé par : euqinorev | lundi 11 septembre 2006 à 19:45
Bien sur qu'une telle scène ne peut que marquer, et pour longtemps.
Il y a plus de 20 ans,j'ai vu mourir un homme devant moi,d'une crise cardiaque.
J'étais tellement choqué en rentrant à pied chez moi que j'ai failli me faire écraser (traverser en courant sans regarder au feu vert voitures).
Je revois très précisément,encore aujourd hui,régulièrement,ces images.
Bises
Rédigé par : bourik | lundi 11 septembre 2006 à 23:48
Ces renvois à notre propre mort et aux instants de solitude qui s'y rattachent sont d'une extrême violence...
Difficile condition humaine...
Rédigé par : ségolène | mardi 12 septembre 2006 à 14:41
20 ans Bourik, ben mince alors, ça me rassure pas...
Je ne sais pas si c'est en rapport avec notre propre mort Ségolène, je n'ai pas du tout pensé à ma propre mort pendant tout ce temps. Mais c'est vrai que j'ai ressenti SA solitude, terriblement...
Rédigé par : euqinorev | mardi 12 septembre 2006 à 22:10