Je ne sais pas vraiment à quel âge j'ai commencé à ressentir le vide de ma vie. Assez tôt sans doute, avec un regard vite dessillé sur les attentes d'une sorte de pure humanité enfantine. Puis plus tard, quand certains de mes rêves et de mes désirs les plus importants se sont effilochés comme les déchirures d'espoirs piétinées d'acide et corrosive réalité plus ou moins tordue. Je m'en veux parfois d'être un peu trop souvent en prise avec la douleur des autres. Mais je suis comme une éponge... Alors j'ai commencé à éprouver le besoin d'emplir ce vide. Après tout, la nature a horreur du vide n'est-ce pas ? Je l'ai empli de tant de façons différentes, ce vide intersidéral qui continue à creuser ma vie. Je suis une affamée. Et à défaut de bonheur je me suis mise à dévorer la terre, je suis devenue boulimique. Oh ça ne se voit pas, j'ai même réussi à passer trois ou quatre ans dans le mannequinat (la nature ayant eu la générosité de m'offrir d'un côté ce qu'elle s'est ingéniée à me refuser de l'autre) avant de fuir la noirceur de cette partie de l'âme humaine. Je ne me rends pas malade non plus, rassurez-vous, je gère, enfin la plupart du temps, j'alterne, parce que quand je suis heureuse j'oublie de remplir un vide que je ne ressens plus. Bref. Tout ça pour dire qu'il devient de plus en plus difficile de s'accepter tel que l'on est avec le temps, d'accepter nos fissures et nos pitoyables tentatives de les combler, quelles qu'elles soient. Je mange je m'affame, je mange je m'affame... J'ai une énorme pensée pour tous les boulimiques de la vie et de la terre, parce que ça ne sert à rien finalement, le vide ne se remplit jamais, on ne remplit que nos illusions et surtout une enveloppe que l'on a pourtant si souvent envie de détruire, ce qui n'est ma foi pas si éloigné. Bon, tout ça pour dire quoi ? Ah oui. Je crois que le bien-être du corps ne peut commencer nulle part ailleurs que dans sa tête. Et le bien-être de la tête ne peut commencer nulle part ailleurs que dans le corps, zut spa gagné cette histoire. Mais bon an mal an, au fil du temps, j'y arriverai. De ce stupide et incontrôlable besoin de remplissage, beaucoup trop continu ces deux dernières années et surtout depuis que j'ai momentanément cessé de travailler, j'ai au jour d'aujourd'hui réussi à en vaincre un tout petit peu plus de la moitié. Arf, davantage en réalité car il y a des rechutes et des pas en arrière, mébon petit à petit j'y arrive. Je ne sais pas si ça changera mon regard sur moi quand j'y serai arrivée, ce regard sans concession que toutes les insultes ou les critiques du monde tous domaines confondus ne pourront jamais égaler dans la dureté, mais au moins j'aurai essayé, même si je suis parfaitement consciente que mon appréciation du moi physique et esthétique (au passage, parents et surtout amis de filles adolescentes pas trop laides, s'il vous plaît ne les baignez pas dans ce regard superficiel et si stérile de leur être, elles sont tellement plus que ça avant de commencer à vous croire) n'a aucune importance par rapport au reste de soi et ne changera rien au vide ressenti à l'intérieur et qui va bien au-delà. Mais ça vaut le coup d'essayer n'est-ce pas ? Mais merde, que c'est difficile...
Si, c'est important de se sentir bien avec son physique pour ensuite se sentir bien dans sa tête.
Et si, c'est important de se sentir bien dans sa tête pour ensuite se sentir bien avec son physique.
Comment ça, c'est comme un cercle ?
Bisous ma belle.
Rédigé par : Baïlili | mardi 28 novembre 2006 à 02:02
Cela s'appelle du conditionnement et en sortir, ce n'est pas évident. Ce type de souffrance affecte en plus toutes les "couches" de la société (j'aime pas ce mot mais bon ; "strates", c'est pas mieux). Même l'impératrice Sissy souffrait d'anorexie...
Rédigé par : LyRiAnN | mardi 28 novembre 2006 à 06:43
Tu sais, au fond, je crois que presque personne n'a un rapport simple avec son corps, la bouffe, tout ça. PEut-être parce qu'on vit dans un monde schizophrénique où on vit encore dans l'aller retour entre "l'essentiel est à l'intérieur" et le culte de la beauté jusqu'à aller dans l'artificiel absurde...
Je sais, ça ne console pas...
On va grignoter des bâtonnets de carottes ensemble, va, pour se donner du courage.
Rédigé par : Anne | mardi 28 novembre 2006 à 10:26
Pffff Baïlili, on est cernés par les cercles de toute façon :))
Bisous à toi
Pas tout compris la LyRyAnN, du conditionnement de quoi ? Je suis pas conditionnée, je suis pleine de vide ;-)
Je ne crois pas que le problème soit là Anne, enfin pas en ce qui me concerne. Je m'en fiche de la bouffe en fait, il m'arrive aussi d'essayer de me remplir avec d'autres choses qu'en passant par l'estomac. La bouffe c'est juste plus facile, plus immédiat.
Bon, j'aime les carottes, mais en terme de légumes crus je préfère le chou-fleur. On fera moit' moit' ? :-D
Rédigé par : euqinorev | mardi 28 novembre 2006 à 11:27
coucou me revoilou
t'es pas pleine de "vide"
t'es pleine de "tout" !
Rédigé par : lydie | mardi 28 novembre 2006 à 11:39
Quand je suis bien dans ma tête, je ne m'occupe pas plus que ça de mon corps! Je maigris sans faire d'effort, je ne pense pas à ma tête, que je n'aime pas dans la glace!Je me bouge les fesses 7 jours sur 7! Je dors peu et d'un sommeil de plomb! De faire une fixation sur la tête et le corps n'arrange rien! C'est de sortir de soi même qui fait du bien!C'est la tête a 100/100 qui donne le "la", pas le corps! Ce dernier est juste un camion, pas le conducteur!
Rédigé par : Henri | mardi 28 novembre 2006 à 14:54
Sourire Lydie. Et merci, c'est gentil d'essayer ;)
Alors c'était chouette Prague ? (c'était bien Prague, hein ?)
Je ne demande pas (et n'ai pas besoin) de recette de régime Henri, ni de savoir ce que font les autres pour maigrir. Je m'en fous. Il ne s'agit absolument pas de ça, j'ai d'ailleurs perdu en un peu plus de 3 mois plus de 8 kilos sur ceux que j'ai pris récemment. Les kilos ne sont qu'une conséquence, et encore, pas tant que ça finalement, je l'ai d'ailleurs dis clairement je crois, je ne m'en sors pas si mal au bout du compte à ce sujet.
Tu n'as pas lu ma note, tu n'as absolument rien compris. Ou plutôt tu as juste lu et compris ce qui t'arrangeait ou plutôt ce à quoi tu savais répondre, ce qui cette fois encore n'est pas allé bien loin.
Ah au fait, j'ai déjà un psy. Et même lui évite les "yakafokon" et les "je sais tout" moralisateurs et à la mords-moi le noeud.
Rédigé par : euqinorev | mardi 28 novembre 2006 à 16:05
Tu sais bien que je sais bien que tout ça n'est pas simple.
La nature est faite de vide, Véro, et nous aussi par la même occasion. Pas étonnant que en ayons tellement conscience de cette vacuité envahissante dont nous sommes faits en définitive et que pas grand chose peut combler.
Mais c'est ce pas grand chose qui, peut être, peut nous donner l'envie de continuer à vivre...
Bisous
Claude
PS: mon blogger semble toujours déblogger ;-((
Rédigé par : claude | mardi 28 novembre 2006 à 16:36
Comment l'écrire ? Je ressens aussi depuis longtemps cette notion de vide. La vie, du moins la conscience de l'existence, me semble une marche, un déséquilibre permanent pour ne pas tomber dans l'abime. Une angoisse fondamentale que rien ne saurait combler. Et le titre de ta note me référe à une de mes citations préférées de Camus que je prends plaisir à déposer ici :
"Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux."
Continuons de rouler notre pierre tant que nous en avons la force, il faut...
Points de suspension, comme une interrogation :))) Je te souhaite une douce soirée Véronique. Bisous.
Rédigé par : lechantdupain | mardi 28 novembre 2006 à 17:20
remplir le vide de nos existences avec quelque chose, n'importe quoi, même de superficiel, on en est tous là... tenter de s'accepter tel que l'on est aussi. mais qu'a-t-on à faire d'autre qu'essayer de toute façon? :) oui, c'est difficile et c'est une lutte de tous les jours. mais au moins on tente de rendre sa vie meilleure.
plein de bisous ma Comtesse
Rédigé par : Uéhtam | mardi 28 novembre 2006 à 17:24
Ben zut alors Claude, je croyais justement que la nature ne connaissait pas le vide ? Les seuls vides de l'univers ne sont-ils pas les trous noirs ? JJ ! on a besoin de tes lumières ! :))
Encore faut-il arriver à trouver son pas grand chose. Ce qui n'est pas encore le cas pour moi...
Bisous à toi
(c'est fou ce bug de blogger qui empêche le propriétaire du blog à commenter chez lui !)
Comment l'écrire JJ, ben comme tu le fais justement. C'est exactement ça. J'aime beaucoup cette phrase de Camus.
Douce soirée et bisous à toi aussi
On a en effet pas grand chose d'autre à faire que d'essayer Uéhtam. Gros bisous pour toi mon Empereur
Rédigé par : euqinorev | mardi 28 novembre 2006 à 18:52
Bon, ben ...
ça fait plusieurs fois que je viens relire ....
Suis muette, moi, sur ce coup là !!!
Je me retrouve tellement sur certains trucs ....
Bisous
Rédigé par : teberli | mardi 28 novembre 2006 à 20:04
Il paraît que c’est inhérent à la nature humaine, ce vide. Un truc de la nature pour nous pousser à chercher notre moitié ?
Et notre culture du toujours mieux, toujours plus, si je me pose je m’ennuie, ça n’arrange rien :-)
Dans ma jeunesse, je suis tombée amoureuse, ce n’était pas la seule fois, heureusement, mais cette fois était différente. Ces mois-là, je n’ai plus ressenti de vide du tout. Le nirvana.
Les années qui ont suivi –longtemps,longtemps – j’ai identifié le retour du manque comme l’absence de ce garçon. Du coup, je n’ai jamais ressenti le besoin de compenser. A quoi bon. Le manque était devenu comme une présence. La présence de l’absent. Je crois que c’est comme ça que je l’ai apprivoisé.
Un jour, je l’ai revu, on a reparlé de notre amitié qui avait viré liaison qui avait cassé. Il m’a dit : tu fais partie de moi, tu es dans un coin de ma tête, tu es comme ma sœur, et ça a conforté mon ressenti. Même si nous n’avons jamais été capable de nous côtoyer sereinement dans la vie réelle, au point de couper définitivement les ponts.
Tout ça pour te dire que le manque, ce n’est pas forcément tragique.
Après, le vide et le manque, est-ce pareil ? je ne saurais te dire…
bises
Rédigé par : anouchka | mardi 28 novembre 2006 à 20:07
Gros soupirs...
Rédigé par : enriqueta | mardi 28 novembre 2006 à 20:45
extrêment difficile .. le tout est de ne pas s'abandonner soi même,pace que là c'est la fin des haricots et le vide se transforme en grand néant
ohhh mais si tu as aimé les chroniques d'Arti alors j'en ferai une suite ;o))
gros bisous Véro,une excellente soirée à toi
:)
Rédigé par : calliope | mardi 28 novembre 2006 à 21:03
Alors essayons d'être bien en même temps dans sa tête et dans son corps ...ouep! pas toujours facile .
Une envolée de bisous sur tes joues
Rédigé par : Elle | mardi 28 novembre 2006 à 21:55
c est drole ta note arrive pour moi à point nommé. Aujourd hui une faille semble s être a nouveau recrée. J essayais de combler depuis deux semaines et en fait je me rend compte que l on a tous un travail sur soi à faire. Du coup je comprend mieux tes réponses chez moi apres avoir lu ta note. biz mam'selle
Rédigé par : lio | mardi 28 novembre 2006 à 22:59
Lorsque comme pour toi cette sensation de vide m'envahit, je prends dans ma main quelques gallets ronds venant de chez moi en Corse. Je sais cela sonne absurde, mais je me dis alors que je ne suis pas bien différente et que ni moi ni eux ne sommes inutiles, eux d'aspect si rude et simple semblables à des milliards d'autres et moi un corps et un esprit que j'essaye plutôt mal que bien de garder en osmose positive pour pouvoir continuer. Juste mon petit exutoire de vide :-)
Rédigé par : Ambre | mardi 28 novembre 2006 à 23:14
Pô grave Teb, ça arrive (surtout sur ce genre de billet j'en suis bien consciente) et ça vaut même beaucoup mieux que de se forcer et de risquer de dire d'énormes bêtises ! Loll
Alors juste un bisou de partage et d'écho :)
Ben justement Anouchka, en 47 ans d'existence ça doit en faire 30 que je l'espère en vain, cette fichue moitié...
Le vide et le manque peuvent se rejoindre bien sûr, c'est un triste mariage que connaîssent certains d'entre nous.
Bises à toi
Oui Enriqueta...
ça nous arrive pourtant de nous abandonner nous-même Calliope, mais on essaie de se récupérer entre chaque abandon.
Oui, j'aime les chroniques d'Arti et j'attends la suite.
Gros bisous miss :-)
Tu veux dire que c'est même très difficile Elle ! Mais tout ça dépend de chacun, nous ne sommes pas plus égos devant l'acceptation de soi-même que devant le reste.
Bisous reçus, et retournés :)
Ben décidément Lio...
Courage et biz pour toi
C'est une sensation qui ne me quitte jamais vraiment Ambre. Mais bon, il y a quand même des moments où je l'oublie ;)
Je comprends ton exutoire avec les galets. J'en ai un aussi, je laisse mon esprit partir dans le cosmos, dans l'infini de l'univers et des étoiles millénaires, je m'éloigne de la terre jusqu'à la voir comme une petite orange bleue et je ne ressens alors plus de vide, puisque j'en suis devenue une partie, de ce vide, une partie à part entière ;-)
Rédigé par : euqinorev | mercredi 29 novembre 2006 à 00:07
Bonsoir Véro
Ta note fait beaucoup écho,déclenche tempete neuronale... (pfff!!).
Je me demande si cette sensation de vide n'est pas tout simplement expression de besoin de vivre.
Comme si c'était un petit moteur qui pousse plus ou moins ses régimes selon les périodes, selon les jours, nous incitant à "y aller".
Le tout serait d'alterner harmonieusement ces temps de "vide" et ces temps de "plein".
Une autre impression est que je ne me sens jamais plein de moi;je peux me sentir "habité" d'un tas de trucs (musique,histoire,paysage,ambiance,...)mais pas de moi.
Une certitude est que la femme aimée m'emplit à complétude.
Bises à toi
Rédigé par : bourik | mercredi 29 novembre 2006 à 00:10
C'est très vrai et très juste Bourik. J'ai envie d'ajouter 'comme d'habitude' ;-)
Mais en ce qui me concerne je ne connais pas de temps de "plein", juste ceux de vide plus ou moins ressentis selon tout un tas de trucs à côtés qui intensifient, ou estompent vaguement, cet état de fait.
J'aime bien ton expression d'être habité. Mais se peut-il que parfois l'on soit complètement et tellement habité jusqu'à s'en sentir empli ?
Bises en retour
Rédigé par : euqinorev | mercredi 29 novembre 2006 à 00:20
Pas du tout d'accord avec Claude quand il (elle ?) dit que la nature est faite de vide. Au contraire, la nature est pleine et surtout pleine de vie, souvent à l'inverse de nous, c'est ça la différence.
Rédigé par : Baïlili | mercredi 29 novembre 2006 à 00:21
Claude est bien un "il" Baïlili.
Oui, je suis d'accord avec toi, d'où ma réponse à Claude, la nature ne connaît pas le vide, c'est même une loi scientifique.
J'aime bien ta dernière phrase. Oui elle est tout ça la nature, tout du moins tant qu'on la laisse libre d'être ce qu'elle doit être... ;-)
Rédigé par : euqinorev | mercredi 29 novembre 2006 à 00:25
A te lire je ressens beaucoup de dureté vis à vis de toi... Pourquoi ne pas être un peu plus cool avec toi-même ??? T'aimer davantage comme tu es. Avec tes qualités, tes défauts et ton enveloppe qui accompagne ton coeur qui bat, plein de passion, plein de générosité et que les gens qui te connaissent doivent avoir vu même si lui est caché.
Rédigé par : pousse mousse | mercredi 29 novembre 2006 à 09:12
Oups Pousse mousse, j'avais pas vu passer ton comment !
Oui je suis dure avec moi, et je ne m'aime pas beaucoup c'est vrai aussi. Tu as raison, ce n'est pas très bon, mais je crains qu'il n'y ait pas grand chose à faire pour que ça change !
Mais merci pour ta dernière phrase ;-)
Rédigé par : euqinorev | mercredi 29 novembre 2006 à 13:18