Ce matin mon piano est parti. Le petit, celui qui était dans ma tanière. Une impulsion qui m'a prise il y a quatre jours, vendre ce piano qui prenait une place non négligeable dans mon 2 pièces aux dépends de la place dont j'ai besoin pour travailler ; et puis récupérer un peu de sous aussi, même si son âge vénérable (35 ans minimum) n'en fait pas un instrument de grande valeur financière. Depuis que nous sommes dans cet appartement lui et moi je me dis régulièrement que je vais recommencer, que je vais m'y remettre, que je vais rejouer du piano. Un jour. Mais si je ne l'ai jamais fait en 18 ans il y a peu de chances que ça change. Alors... Ma décision prise j'ai eu la chance de trouver une entreprise de reprise de pianos d'occasion avec qui j'ai bouclé l'affaire en 48 heures. Et Il est parti ce matin... J'ai failli hurler "Noooooooon !!" quand les déménageurs l'ont monté dans leur camion, vers une destination et des propriétaires inconnus, alors qu'il n'a jamais connu que moi ; j'ai eu l'impression de l'abandonner lâchement. Ce piano, mes parents me l'ont offert quand il s'est avéré que je m'accrochais à mes cours, je devais avoir 12, 13 ou 14 ans. M'en séparer a été difficile, l'impression à la fois de trahir mes parents (qui ne sauront jamais que je l'ai vendu) et moi-même, un peu comme si j'effaçais une partie de mon éventuel futur. Etrange comme parfois l'on s'attache à certains objets qui ont côtoyé toute notre existence...
Et du coup je pense à tout ce que je ne transmettrai jamais à aucune descendance : mes recettes de cuisine me venant de ma mère et de mes grand-mères et arrangées par moi-même, les photos de famille, la vaisselle plus que centenaire, les vases Gallet, et... et tout le reste, c'est inquantifiable. Quand on a conscience de la précarité de son existence sur terre, je me demande ce qu'il y a de pire que de savoir que l'on est le dernier ou la dernière de sa lignée.
Ne jure de rien ! Tu ne sais pas de quoi demain sera fait, et le jour où tu te retrouveras derrière un clavier, tu n'auras plus qu'à rire de toi-même et de tes certitudes.
Si tu as un souci de transmission, je veux bien tes recettes pour les filer à Cro-Mi (on ne transmet pas qu'à sa lignée biologique, heureusement pour le monde).
Et la précarité de la vie étant ce qu'elle est, être dernier ou pas de sa lignée ne change pas grand-chose à nos tristes mortalités, je crains. Même si je sais que nous ne partageons pas les mêmes vues sur le sujet. Mais imagine qu'on se prenne une météorite, ou une bombe énorme sur la tronche et que pof, on disparaisse tous en même temps... lignée ou pas, ça ne changerait rien !
(C'était pour te faire rire et te remonter le moral, hein, pas pour te plomber)
Rédigé par : Anne | jeudi 30 octobre 2008 à 16:16
Des Vases Gallet ? Tu veux m'adopter ? :)
Rédigé par : Johann | jeudi 30 octobre 2008 à 17:38
* Reprendre ou pas le piano est accessoire Anne, si ça me prend (mais j'en doute) j'aviserai. Mon problème est la transmission, et pas que des recettes de cuisine (promis je penserai à Cro-Mi ;) ) ; il y a tant de souvenirs, de photos... Cro-Mi les voudra aussi ? Non, ce genre de choses n'intéresse personne d'extérieur à sa famille c'est évident. Et même sachant que l'on peut tous disparaître demain dans un grand boum, ça n'enlève rien au fait que je n'ai personne derrière moi à qui transmettre toutes ces choses.
On m'a trop souvent dit que je ne pouvais pas savoir telle ou telle chose relative aux enfants parce que je n'en avais pas, d'enfants ; à moi aujourd'hui de dire que qui que soit ayant des enfants ne peut pas vraiment comprendre ce que je peux ressentir, là. Mais Cro-Mi aura mes recettes, avec plaisir ! :))
* Rire Johann, alors après l'épousage c'est l'adoptage ? ;-)
Cela étant je reconnais bien là quelqu'un ayant fait... l'école que tu as faite : y a pas à dire, un pro c'est un pro ! :))
Rédigé par : euqinorev | jeudi 30 octobre 2008 à 18:09
Même pas, je n'ai fait qu'un début de première année, et je ne suis pas sûr que l'art nouveau soit abordé avant la troisième année. Et même pas en cursus général, je pense, juste en spécialité "art du 19eme" ou "art du 20eme"... J'ai juste de la culture générale. Et quand tu vas à Bruxelles, tu en vois des tonnes...
Rédigé par : Johann | jeudi 30 octobre 2008 à 19:03
Là, je ne sais quoi te dire ....
En tout cas je te transmets... toute ma tendresse ;-))
Rédigé par : teberli | jeudi 30 octobre 2008 à 22:04
* Alors c'est une jolie culture générale Johann, parce qu'en ce qui me concerne je ne suis pas sûre que j'aurais su qui était Gallet s'il n'y avait pas eu ces vases chez mes parents. Pis euh... je ne savais même pas qu'il était était belge ! ;)
* Tu peux y aller ma Teb, j'adore quand on m'envoie tout plein de tendresse ! :)
Gros bisous en retour
Rédigé par : euqinorev | vendredi 31 octobre 2008 à 11:45
Certains objets nous lient à nos vies, c'est pour cela qu'on y est autant attachés.
Rédigé par : enriqueta | vendredi 31 octobre 2008 à 19:23
Juste des bisous tout en tendresse que je dépose là avant de te les faire réellement bientôt :)
Rédigé par : Elle | vendredi 31 octobre 2008 à 22:01
Tout passe,tout.............
Pour mieux comprendre je t'invite à zieuter mon site.
Bisou
Duke
Rédigé par : DUKE | samedi 01 novembre 2008 à 13:58
Moi ce qui me gênerait en "supprimant" un aussi gros "meuble", c'est de penser au mur derrière.... Peinture ou tapisserie à refaire véro ?
Rédigé par : maitresoixante | samedi 01 novembre 2008 à 15:28
C'est vrai qui que soit ayant des enfants ne peut pas vraiment comprendre ce que tu peux ressentir, là.
Mais je suis certain que ce qu'il y a de pire que de savoir que l'on est le dernier ou la dernière de sa lignée c'est de le devenir brusquement par la perte d'un enfant.
Je ne veux pas minimiser ton mal-être mais je connais des parents à qui cela est arrivé il y a maintenant 2 ans, je ne pourrais jamais me permettre de leur dire comme je te le dis à toi, pour terminer sur un peu d'humour : " the last but not the least"
Rédigé par : vagabond | samedi 01 novembre 2008 à 18:29
* Exactement Enriqueta, ce piano est avec moi depuis mes 12 ou 13 ans !
* Journée superbe avec vous deux ma douce. Merci encore à ton homme du mal qu'il s'est donné, et re plein de gros bisous à tous les deux.
* J'y filerai dès que je serai rentrée chez moi Duke, lundi ; là suis dans ma pampa et le chargement des sites, auscours ! ;))
Bisoux
* Ben rien du tout Maîtresoixante ! J'avais refait la peinture (blanche) il y a environ 5 ans, et l'endroit du piano est juste un tout petit peu jauni mais vraiment rien de choquant, ça se voit à peine en plein jour (et j'ai remis des trucs devant, n'oublions pas que j'avais besoin de place) et pas du tout à la lumière électrique. Heureusement, passke sachant que je veux déménager dès que j'en ai les moyens je n'avais pas la moindre intention de refaire quoi que ce soit ! :))
* Tu as parfaitement raison Vagabond. Je connais aussi des gens à qui s'est arrivé et en effet il n'y a rien de plus horrible, insurmontable et contre nature. Tu as eu raison de le souligner. Je ne suis pas pour la relativisation à outrance (je suis même plutôt contre) mais il y a des situations qu'il faut en effet savoir relativiser, et des "malheurs" qu'il faut savoir remettre à leur vraie place.
Cela étant, je sais que je ne guérirai jamais complètement de ce manque, de ne pas avoir eu d'enfant. C'est ma déchirure, elle est profonde et me côtoie tous les jours.
J'aime bien ta conclusion :-)
Rédigé par : euqinorev | samedi 01 novembre 2008 à 20:22
C'est difficile de se séparer des objets de notre enfance... mais parfois cela est nécessaire. Je me mets à ta place, j'aurai eu beaucoup de mal à m'en séparer.
Et si j'ai bien compris, il t'en reste un ?
Bonne journée de dimanche à toi
Rédigé par : Laurent | dimanche 02 novembre 2008 à 10:15
* Il me reste un 1/2 queue Erard dans la maison de mes parents, Laurent, qui a appartenu à mon arrière grand-tante mais avec lequel je n'ai aucune histoire, et surtout dont je n'arrive pas à me débarrasser ! Les pianos de cette époque (1915) n'ont aucune valeur marchande, même d'une marque de prestige comme Erard. Je serais prête à le vendre pour une bouchée de pain mais personne n'en veut, non seulement à cause du coût de son transport mais aussi de sa taille : 2m15 de long en tout et 1m50 de large au niveau du clavier, la partie la plus large. Il est magnifique et en très bon état mais ça ne change rien, c'est un fichu bestiau qui ne peut plaire qu'à un collectionneur... qui en plus a de la place ! D'ailleurs si quelqu'un est intéressé j'ai des photos à disposition ;)
Bon dimanche à toi aussi
Rédigé par : euqinorev | dimanche 02 novembre 2008 à 11:12
Je confirme, ce piano est magnifique mais il prend beaucoup de place ...
Bisous ma douce
Rédigé par : Elle | dimanche 02 novembre 2008 à 22:31
* Tu m'étonnes ma douce Elle... il lui faut une pièce de 50 m2 minimum, et pas déjà trop meublée à l'origine. Cela dit, recouvert d'une nappe il fait aussi très honorablement office de buffet de réception, on a testé à plusieurs reprises ! ;-)
Des bisousssss
Rédigé par : euqinorev | lundi 03 novembre 2008 à 15:38
On s'attache à ces petites bêtes hein ??? c'est des souvenirs, des moments partagés qui s'en vont ... à lui aussi tu vas manquer c'est sûr.. Bises à toi
Rédigé par : Rayon de soleil | mardi 04 novembre 2008 à 10:20
* Sniff, ne me dis pas ça Rayon de soleil... sais-tu que quand les déménageurs l'ont monté dans leur camion et l'on posé à côté de deux autres pianos je lui ai dit in petto "Au moins tu ne feras pas la route tout seul..." J'espère qu'il va retrouver une nouvelle famille qui l'aimera autant que moi. C'est un piano de travail (touches un peu dures et option "silence" pour travailler ses gammes sans saoûler les voisins) alors peut-être aidera-t-il quelqu'un à apprendre ?
Je t'embrasse
Rédigé par : euqinorev | mardi 04 novembre 2008 à 19:04
Hello Véro.
Ton panio est parti pour une autre vie . une autre aventure.
Dis toi qu'il fait le bonheur d'une autre petite fille ou petit garçon.
tout se transmet...même si ce n'est pas à nos enfants.
je t'embrasse .
Cathy
Rédigé par : cathycat | mardi 11 novembre 2008 à 08:52
* Oui Cathy, j'espère qu'il sera apprécié et aimé dans sa nouvelle famille.
Tout se transmet ? Non, je ne crois pas. Pour avoir passé des heures et des heures à vider la maison de mes parents je peux assurer que quand on n'a pas de descendance il y a beaucoup de choses, de souvenirs, qui partent à la poubelle. Par exemple à qui transmettre les photos de famille ? J'en ai jetées bien plus que j'en ai gardées, certaines remontaient si loin que j'étais incapable de dire de qui il s'agissait ; et étant la dernière "dépositaire" de ces images, pourquoi les garder ? Et de toute façon, qui s'intéressera à ce que j'ai gardé quand je disparaîtrai ? Je lèguerai probablement tout à Emmaüs, et comme ils sont devenus hyper difficiles la majorité des choses partira à la poubelle.
Gros bisous à toi
Rédigé par : euqinorev | mardi 11 novembre 2008 à 13:08
je te comprends il était si mimi...et puis se séparer de tant de souvenirs....parfois faire le vide aide à avançer.... je t'embrasse fort ma véro :-)))
Rédigé par : vero | mardi 18 novembre 2008 à 21:42
Pour les vases Gallé j'ai failli te faire la même proposition que Johann ;-) mais trèfle de plaisanterie comme dirait l'âne dans un champ de luzerne, j'ai moi aussi depuis l'âge de 12 ans un vieux piano auquel je tiens énormément, et je comprends tout à fait la peine que tu as eue à t'en séparer.
Rédigé par : ambre | vendredi 28 novembre 2008 à 21:21
C'est terrible... Cette phrase "Quand on a conscience de la précarité de son existence sur terre, je me demande ce qu'il y a de pire que de savoir que l'on est le dernier ou la dernière de sa lignée.", me parle avec une dureté incroyable depuis quelques mois. C'est terrible et terrifiant.
Dommage que vous (tu) ne sois plus dans les parages. Je partage ceci dit tes hésitations à bloguer pour ne parler que de la mélasse du quotidien ; l'envie moi aussi m'en manque.
Rédigé par : Arnaud Seldon | samedi 31 janvier 2009 à 00:50