Plutôt que de vous raconter ma nuit d'insomnie passée à éternuer, tousser, me bagarrer avec une couette quasiment vivante, compter les plumes de l'oreiller, et chercher une solution au problème des enjeux de la captation de la subjectivité par rapport à ceux de l'appropriation du savoir, voici un nouveau petit retour en arrière sur les origines de nos expressions françaises (le premier était ici).
Minute papillon : Papillon était le patronyme d'un serveur du "Café du Cadran" à Paris, dans les années précédant la seconde guerre mondiale. L'histoire veut que l'établissement était le lieu de rendez-vous de nombreux journalistes. Ces clients, toujours pressés, hélaient sans arrêt le garçon par son prénom "Papillon ! Papillon !". Le serveur, débordé, répondait "Minute, j'arrive !". Par la suite, l'association de l'appel et de la réponse a donné l'expression "minute papillon" pour signifier à quelqu'un de pressé qu'il devra attendre.
Avoir des yeux de lynx : rien à voir avec le félin, il s'agit d'une déformation de Lyncée, le pilote des argonautes qui guida, grâce à sa vue perçante, Jason vers la Toison d'Or.
Prendre (ou reprendre) du poil de la bête : au début de notre ère, la croyance populaire disait que pour guérir des morsures d'animaux (chien, renard...) il fallait leur arracher une touffe de poils et la placer sur sa blessure. D'où cette expression signifiant se requinquer, surmonter ses problèmes.
Tenir le haut du pavé : autrefois, le sol des rues était concave pour permettre l'écoulement des eaux au centre. Le haut du pavé se situait donc en bordure des maisons, sorte de trottoir étroit. Lorsque l'on rencontrait un haut personnage, il fallait lui céder la place pour qu'il ne soit pas éclaboussé.
Vider son sac : autrefois, les documents ou actes officiels se présentaient sous forme de parchemins. Ils étaient roulés, noués par un ruban et transportés dans des sacs. Tout avocat arrivant à une audience sortait donc devant le juge actes notariés et assignations diverses, il vidait son sac avec toute la fougue que l'on connaît des plaideurs.
Sucrer les fraises : l'origine de cette expression ne se rapporte pas au fruit, mais à la collerette que portaient hommes et femmes au XVI ème et début du XVII ème siècle. A causes des tremblements des vieillards, la poudre blanche que l'on appliquait sur les coiffures soignées se répandaient sur les fraises.
Une vie de patachon : au XIX ème siècle, le patachon conduisait les "pataches", sortes de guimbardes servant de diligences aux pauvres dans les régions les plus défavorisées. Pilier de bar ambulant, le patachon buvait à chaque étape pour se donner l'illusion qu'il conduisait un carosse.
Bon, on va peut-être s'arrêter là pour cette fois ! J'ai parfois pioché ces explications sur des sites dont il n'est pas toujours évident de savoir s'ils sont publics ou pas. Cela dit, les explications en elles-même n'appartiennent à personne et je les ai souvent ré-écrites à ma sauce, mais si des visiteurs pensent reconnaître leurs mots je les autorise bien sûr à mettre leur lien en commentaire à cette note.
Allez hop, un petit plongeon avec moi ? Chuis certaine que ça tuerait tous mes microbes illico ;-)
Maui, Hawaii
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